D'anciens ministres de la Santé s'expriment sur le décret 0858 : « Il impose une réforme sans soutien technique ni démocratique. »

Dans une déclaration énergique, les anciens ministres et vice-ministres de la Santé et de la Protection Sociale ont averti que le Décret 0858 de 2025, récemment émis par le Gouvernement National pour mettre en œuvre un nouveau modèle de santé, constitue une réforme « de facto » sans soutien technique, fiscal ou juridique, et est imposé administrativement sans aucun véritable débat démocratique.
« Le décret 0858 ne résout pas la crise profonde à laquelle le système est actuellement confronté et ne dispose pas du soutien technique et financier nécessaire », ont-ils averti dans un communiqué commun. Selon le groupe, ce règlement ne garantit pas l'adéquation de l'Unité de paiement par tête (UPC), manque d'études techniques transparentes et pourrait aggraver encore la crise structurelle du système de santé.

Les experts du secteur de la santé remettent en question le nouveau modèle adopté par décret. Photo : iStock
Les anciens fonctionnaires ont dénoncé qu'après trois ans de débats législatifs, le gouvernement a choisi de contourner le Congrès et de remplacer des piliers du système par une loi administrative qui, selon eux, contredit la séparation des pouvoirs. « Cette action ne permet ni une véritable opinion ni un véritable débat démocratique, imposant la mise en œuvre d'une réforme avec laquelle de larges pans du pays sont en désaccord », ont-ils déclaré.
La déclaration est signée, entre autres, par des voix possédant une vaste expérience dans le secteur de la santé, parmi lesquelles les anciens ministres Alejandro Gaviria, Beatriz Londoño, Fernando Ruiz et Mauricio Santamaría, ainsi que les anciens vice-ministres Juan López, Diana Cárdenas et Blanca Cajigas.
Le document décrit également le décret comme un « patchwork » qui contredit les réglementations actuelles telles que la Loi statutaire sur la santé et les lois 1122 de 2007 et 1438 de 2011, créant un nouveau système qui pourrait conduire à un effondrement similaire à celui du Fonds national de prestations sociales pour les enseignants (FOMAG).
L'un des aspects les plus critiques soulignés par les anciens ministres est l'affaiblissement de l'assurance individuelle et le transfert de responsabilités à des entités régionales sans capacité avérée. « La liberté de choix est menacée, l'accès peut être restreint par la fragmentation du réseau et la qualité risque de se dégrader en raison d'une nationalisation improvisée », ont-ils averti.

Les anciens ministres ont demandé la suspension du décret 0858 et exigé des études techniques. Photo : Gouvernorat du Valle del Cauca.
Bien que reconnaissant l'importance de renforcer les soins primaires, les talents humains et la qualité, le groupe d'experts estime que les changements proposés manquent d'un cadre juridique et technique adéquat. « La mise en œuvre réglementaire du décret révèle une tentative de réforme de facto, sans soutien juridique explicite, financement clair ni étude technique transparente », concluent-ils.
Selon eux, le règlement ignore les avertissements de la Cour constitutionnelle, de la Cour des comptes, du monde universitaire et des usagers. « Des fonctions critiques sont déléguées à des structures qui n'existent pas encore, et des délais irréalistes sont imposés pour redéfinir les acteurs, les réseaux et les méthodes de soins, dans un contexte de méfiance et de détérioration du système », ont-ils déclaré.
En conclusion, ils ont souligné que le pays est confronté à une transformation « plus idéologique que technique », qui menace la pérennité du système et compromet l'accès, la qualité et l'équité des soins de santé pour des millions de Colombiens. « La santé de 50 millions de Colombiens ne peut pas être fondée sur l'idéologie, mais sur la science », ont-ils souligné.
La déclaration conclut en appelant le gouvernement national et le Congrès à reprendre le dialogue démocratique, à convoquer des audiences publiques avec des experts indépendants et à exiger des études actuarielles et d'impact budgétaire certifiées. « Il est impératif de convoquer des audiences publiques avec des experts indépendants, d'exiger des études d'impact budgétaire certifiées et de garantir un débat technique qui transcende les pressions politiques du moment », concluent-ils.
Journaliste Environnement et Santé
eltiempo