Espaces surréalistes de Leonora Carrington - nous analysons un livre sur l'artiste, rebelle et sorcière du XXe siècle

Au Mexique (et peu à peu, dans le monde entier), une icône à l'image de Frida Kahlo. Peintre, écrivaine et visionnaire , sa vie pourrait inspirer bien des scénarios. Sorcière, alchimiste, esprit libre empreint de sarcasme et de détachement, amante (son plus grand amour ?) de Max Ernst… Aucune description ne saurait saisir la complexité de cette personnalité. Surréaliste ? Assurément. Cependant, il convient d'être prudent avant de qualifier Leonora Carrington de surréaliste dans le domaine de l'art. Son énigme réside dans sa capacité à s'affranchir des formes, des cadres et des structures. Et pas seulement dans la création. Le mot « s'affranchir » n'est d'ailleurs pas anodin.
Espaces surréalistes : la vie et l’art de Leonora Carrington / Magda Rączka, Well.plLa vie de Leonora est un voyage incessant : tantôt par choix, tantôt par nécessité. C’est sur ce contexte que Joanna Moorhead – journaliste, auteure et parente de Carrington – tisse les liens entre les différents lieux de vie de Leonora, créant ainsi, dans un final grandiose, l’histoire d’ une artiste tout en contrastes.
De quoi parle le livre « Espaces surréalistes » ?L'intrigue de cette biographie atypique s'articule autour du parcours de l'artiste à travers ses résidences aux quatre coins du monde, que Moorhead visite. Et nous la suivons dans ses voyages. Grande-Bretagne, Europe, États-Unis, Mexique…
Le monde de Leonora était le monde entier, et elle imprégnait chaque lieu de sa présence unique. Cette exploration de sa vie et de sa peinture est d'une grande richesse. À travers le regard tendre et vagabond de sa cousine, l'œuvre de Carrington – qui mêle le quotidien, tissé d'événements grands et petits – acquiert une dimension inédite.
« Dans la salle de bains — ce qui m’a le plus touchée — on peut voir son rouge à lèvres et son maquillage. Même à un âge avancé, Leonora tenait beaucoup à être à son avantage. Elle prenait un bain tous les matins et appréciait toujours la sensation d’être habillée et prête pour la journée », décrit Joanna Moorhead dans son livre « Espaces surréalistes ».
Une rencontre à Zachęta dédiée à l'art de Leonora Carrington / Magda Rączka, Well.plQu’est-ce qui distingue ce nouveau récit sur l’excentrique Leonora Carrington ? Outre le point de vue d’une femme en quête de sens, il s’agit d’une riche collection de peintures et de photographies, dont certaines peu connues. Grâce à elles, nous avons une occasion unique de relier les points, de percevoir dans l’œuvre de l’artiste des fragments des expériences et des lieux qui l’ont façonnée.
Espaces surréalistes : la vie et l’art de Leonora Carrington / Magda Rączka, Well.plPeut-on donc connaître une personne à travers les lieux qui l'ont façonnée ? Après avoir lu ce livre, je le crois. Cependant, il est bon de se rappeler que chaque être humain demeure un mystère jusqu'à la fin, même pour les lieux et les personnes qui s'épanouissent en sa présence.
Le livre « Espaces surréalistes » a été publié par Smak Słowa et traduit par Agnieszka Nowak-Młynikowska.
Espaces surréalistes : la vie et l’art de Leonora Carrington / Magda Rączka, Well.plDe plus, si la lecture de cette fascinante biographie illustrée suscite l'envie de suivre les traces de Leonora , un voyage à Milan s'impose. Le prestigieux Palazzo Reale accueille actuellement une exposition exceptionnelle : la première rétrospective monographique de l'artiste en Italie. Réunissant plus de 60 œuvres (peintures, dessins, photographies et documents d'archives), l'exposition révèle la nature multiforme de son travail : peinture, écriture, théâtre et pensée critique. Elle est visible jusqu'au 11 janvier 2026.
Leonora Carrington – qui était-elle ?Leonora Carrington (1917-2011) était une peintre et écrivaine britanno-mexicaine , figure majeure de l'avant-garde du XXe siècle. Élevée en Angleterre au sein d'une riche famille d'industriels, elle rejeta très tôt les conventions et entreprit sa formation artistique à Londres. Au début des années 1930, elle fréquenta le cercle surréaliste et sa relation avec Max Ernst l'introduisit dans le milieu artistique bohème européen.
Durant la Seconde Guerre mondiale, elle fut victime d'une dépression nerveuse et émigra au Mexique , où se forgea son style abouti : un mélange de mythologie, de symbolisme, de magie, d'alchimie et d'expériences personnelles. Au Mexique, elle devint une figure majeure de la scène artistique, collaborant avec des artistes comme Remedios Varo et Katia Horna.
Ses tableaux les plus importants — « L'Auberge du Cheval de l'Aube », « Autoportrait » et « La Géante » — représentent des figures féminines dans des espaces oniriques et symboliques. Elle a acquis une renommée littéraire grâce à sa nouvelle « La Trompette auditive » et à son récit autobiographique « D'en bas », qui relate ses expériences psychiatriques et sa fuite d'Europe.
Son œuvre figure dans les collections du MoMA, de la Tate et du Centre Pompidou. Elle est considérée comme l'une des artistes surréalistes les plus importantes – bien qu'elle ait elle-même refusé cette étiquette, insistant sur son indépendance créative et intellectuelle.


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