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La peste sait mettre la pédale douce

La peste sait mettre la pédale douce

L’histoire de la peste retient avant tout son caractère dévastateur, balayant en quelques mois les sociétés humaines frappées par le fléau. Les premières vagues des trois pandémies de peste historiques, celle de Justinien de 541 à 544, la peste noire de 1346 à 1351, et la peste océanique à partir de 1855, frappent comme des tsunamis : on estime, par exemple, que la peste noire a fauché 25 millions de personnes en Europe en cinq ans.

Et ensuite ? Aucune ne s’éteint subitement. La peste de Justinien perdure bien après la mort de ce dernier, jusqu’en 750 ; la grande peste médiévale resurgit jusqu’en 1840 par des flambées régulières en Europe et sur le pourtour du bassin méditerranéen ; enfin, la troisième pandémie ne s’est jamais achevée : désormais endémique dans différentes régions du globe, elle émerge à nouveau sporadiquement, en passant des rongeurs sauvages aux rats urbains et à l’homme.

Pourtant, aucune des répliques ultérieures n’a eu la même ampleur que les premières vagues. La maladie reste contagieuse et souvent fatale, mais la dissémination est moins galopante, le nombre de victimes réduit. Plusieurs facteurs peuvent être responsables de cet assagissement relatif : une réduction des effectifs de rongeurs, décimés lors de la vague principale ; une sélection dans la population humaine de variants protecteurs parmi les gènes impliqués dans la réponse immunitaire ; un changement des comportements ; ou encore une atténuation de la virulence de la bactérie responsable de la peste, Yersinia pestis.

Le rôle du gène « pla »

Un article paru le 29 mai dans la revue Science, issu d’une collaboration entre plusieurs équipes de recherche de l’université McMaster dans l’Ontario (Canada) et de l’Institut Pasteur, met le doigt sur une modalité d’atténuation de la virulence commune aux trois pandémies. En comparant des données de séquençage des génomes de Y. pestis provenant d’échantillons d’ADN ancien ou d’isolats récents, ils ont constaté que certaines souches, représentatives de résurgences tardives des trois pandémies (ces souches sont respectivement apparues vers les années 650, 1420 et 1960), ont partiellement perdu une même portion d’ADN dans leur génome.

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Le Monde

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