Santé. Pourquoi les pharmacies font-elles la grève des gardes ?

Malgré des propositions du gouvernement, les pharmacies poursuivent leur mouvement lancé au début du mois contre la baisse des plafonds des remises sur les médicaments génériques et pourraient l’intensifier à la rentrée. Décryptage.
Trouver une pharmacie de garde peut s’avérer compliqué en ce moment… Les pharmaciens poursuivent en effet leur grève des gardes, entamée le 1er juillet, ou n’appliquent pas le tiers payant dans les officines réquisitionnées. Ils protestent ainsi contre la volonté du gouvernement de baisser le plafond des remises commerciales accordées par les laboratoires pharmaceutiques pour les médicaments génériques.
Pour encourager la vente de génériques, les pharmaciens peuvent en effet les acheter jusqu’à 40 % moins chers. L’ensemble des remises est estimé à 600 millions d’euros. Mais dans un contexte de redressement des finances publiques, le gouvernement veut baisser ce plafond pour réduire la marge des pharmaciens sur les génériques, pousser les industriels à baisser leurs prix et ainsi diminuer les montants remboursés par l’Assurance maladie.
Le gouvernement avait initialement prévu de baisser le plafond entre 20 % et 25 %, avant de se raviser pour 30 %, puis de proposer 33 % sur les génériques, 15 % sur les biosimilaires et un passage à un plafond de 20 % sur les deux types de médicaments en 2027, à l’issue du dernier arbitrage par Matignon, mercredi. Ces propositions ont été jugées insuffisantes par les organisations de pharmaciens (FSPS, Uspo, UNPF, Federgy, UDGPO), qui poursuivent leur mouvement, alors que le nouveau plafond doit théoriquement entrer en vigueur le 1er août.
« Ce qui est en jeu, c’est l’équilibre précaire de l’économie des pharmacies », nous explique Pierre-Olivier Variot, pharmacien à Plombières-lès-Dijon (Côte-d’Or) et président de l’Union des syndicats des pharmaciens d’officine (Uspo). Ce dernier rappelle que « près de 300 pharmacies ont mis la clé sous la porte en 2024, et 145 ont déjà fermé depuis le début de l’année 2025 ». « Ce que veut faire le gouvernement, c’est une réforme fondamentale et il n’a même pas fait d’étude d’impact », dénonce-t-il.
Selon lui, « 6 000 pharmacies sont en danger », sur les 20 000 officines que compte la France. Pour les syndicats de pharmaciens, il s’agit non seulement de la survie économique des officines, mais également de la « santé de proximité », notamment dans les zones rurales qui manquent déjà de médecins.
Le seul point positif que Pierre-Olivier Variot retient de son entretien au ministère de la Santé est « la proposition de revoir complètement le mode de rémunération des pharmaciens », ce qu’il réclame depuis longtemps. « Mais on ne se contentera pas de promesses, on veut du concret », prévient-il.
Les syndicats prévoient d’augmenter la mobilisation à la rentrée, avec la fin de la préparation des piluliers pour les Ehpad — ce que les pharmaciens réalisent gratuitement — à compter du 1er septembre, une « journée noire » le jeudi 18 septembre et une fermeture hebdomadaire les samedis à partir du 27 septembre. D’ici là, des actions seront également menées localement.
Le Bien Public