Les Etats-Unis approuvent un traitement préventif très prometteur contre le VIH, évoquant « un jour historique » dans la lutte contre le sida

Ce traitement pourrait révolutionner la lutte contre le VIH et le sida. Les Etats-Unis ont approuvé un nouveau traitement, très attendu, pour la prévention contre le VIH, a annoncé, mercredi 18 juin, le laboratoire pharmaceutique Gilead qui le développe. Nommé Yeztugo, ce traitement qui consiste en deux injections annuelles faciliterait considérablement les prises en charge préventives.
Les médicaments destinés à prévenir la transmission du VIH, connus sous le nom de « prophylaxie pré-exposition », ou « PrEP », existent depuis plus d’une décennie. Pris par des personnes qui ne sont pas infectées mais considérées à risque, ces traitements nécessitent généralement la prise d’une pilule quotidienne. En 2021, l’Agence américaine du médicament avait approuvé un premier médicament injectable à cet effet, l’Apretude du laboratoire ViiV Healthcare.
Selon Gilead, le nouveau traitement sera désormais disponible pour les « adultes et les adolescents pesant au moins 35 kg » et « ayant besoin de la PrEP ou souhaitant en bénéficier ». « C’est un jour historique dans la lutte contre le VIH », a salué Daniel O’Day, patron de la biotech américaine dans un communiqué annonçant cette autorisation.
Une réduction du risque de transmission du VIH de plus de 99,9 %Le laboratoire Gilead propose déjà depuis 2022 un traitement antirétroviral, le Sunlenca, développé à partir de la même molécule, le lénacapavir. Ce dernier est proposé aux personnes déjà infectées et permet d’empêcher la multiplication du virus dans l’organisme.
Les deux essais cliniques menés par l’entreprise pour le traitement préventif ont ainsi montré une réduction du risque de transmission du VIH de plus de 99,9 % chez les adultes et les adolescents, en faisant ainsi l’option la plus proche d’un vaccin.
Mais les espoirs suscités par ces excellents résultats pourraient toutefois être douchés par les coûts astronomiques des traitements. Interrogée par l’Agence France-Presse, l’entreprise a reconnu que le prix du Yeztugo aux Etats-Unis s’élèvera à 28 218 dollars (24 500 euros environ) par an, « en phase avec les options PrEP existantes ». Néanmoins, « nous travaillons à rendre Yeztugo accessible à tous ceux qui en auraient besoin ou le souhaiteraient, et nous nous attendons à une importante prise en charge par les assurances », a fait savoir la porte-parole de Gilead.
Le Sunlenca coûte, lui, plus de 39 000 dollars (34 000 euros environ) par an. Et l’Apretude, le premier traitement de PrEP injectable qui a été développé par le laboratoire ViiV Healthcare et approuvé en 2021 aux Etats-Unis, coûte des dizaines de milliers de dollars par an pour des injections tous les deux mois.
« Baissez le prix, augmentez la production »Selon une récente estimation réalisée par plusieurs chercheurs et publiée dans la revue Lancet, le lenacapavir pourrait être produit pour des coûts allant seulement de 25 à 46 dollars.
« Si ce médicament qui change la donne reste inabordable, il ne changera rien », a insisté, mercredi, la cheffe de l’Onusida, Winnie Byanyima dans un communiqué, demandant « instamment à Gilead de prendre la bonne décision ». « Baissez le prix, augmentez la production et faites en sorte que le monde ait une chance de mettre fin au sida », a-t-elle exhorté.
Le laboratoire Gilead a annoncé en 2024 des accords avec des fabricants pour produire et vendre des génériques à bas coût dans plus de cent pays en développement et fournir d’autres nombreuses doses. Mais ces initiatives pourraient être mises à mal par les actions du gouvernement de Donald Trump, qui sabre les financements internationaux qui devaient les soutenir.
Le Monde avec AFP
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