"Faire de la clinique Malartic à Ollioules un modèle": le nouveau président des Mutuelles de France du Var développe ses ambitions

Le 24 février dernier, Stéphane Mantion a été élu président des Mutuelles de France du Var, qui dirigent la clinique Malartic à Ollioules.
Il entend rétablir un lien de confiance avec les employés de l’établissement placé en redressement judiciaire depuis juin 2024.
Dans quelles conditions avez-vous été nommé président des Mutuelles de France du Var?
Cela s’est fait à la demande de la nouvelle gouvernance du groupe Avec. Je connais son nouveau président du conseil d’administration, Patrick François (1) depuis longtemps. Je connais bien aussi les Mutuelles de France du Var et la clinique Malartic de par mon passé à la tête de la Croix-Rouge Française. Cette dernière s’était intéressée à l’établissement en 2017 lorsqu’il était en grosse difficulté.
Vous arrivez alors que la clinique Malartic est au cœur d’une procédure de redressement judiciaire…
La justice va permettre à l’établissement d’avoir un avenir, d’assurer la continuité. Je l’aborde avec sérénité. Pour autant, je n’ai toujours pas pu rencontrer les administrateurs judiciaires malgré plusieurs demandes. Et fin mars, le tribunal a acté la demande de passage de gestion en niveau 3. Nous avons fait appel de cette décision.
Cela signifie quoi concrètement?
Pour résumer, cela me retire pratiquement tous mes droits au profit des administrateurs.
La raison évoquée est la perte de confiance envers le groupe Avec…
J’en ai contesté les motifs devant le juge. Perte de confiance? Mais en qui? Je viens tout juste d’arriver! Quant au groupe Avec, il a changé de gouvernance aussi… Je réclame du temps. Pour moi, le dialogue est une priorité et je travaille en ce sens. J’ai déjà rencontré la direction de Malartic, les équipes, les représentants du personnel, le président de la commission médicale d’établissement. Manque juste les administrateurs judiciaires…
Sur quoi travaillez-vous tout particulièrement?
À la restauration de cette confiance bien sûr. Il faut arrêter de me confondre avec Bernard Bensaïd, l’ancien patron d’Avec (lire ci-dessous). Je travaille également au renouvellement du conseil d’administration de la clinique. Il faut que ce soit fait rapidement, il se doit d’être beaucoup plus représentatif du métier et du territoire.
Des offres de reprise de Malartic ont déjà été faites. Cela ne vous empêche pas de vous tourner vers l’avenir?
Non. Je milite pour un plan de continuation et de développement. Je crois beaucoup à cet établissement qui a énormément d’atouts. Mon ambition, c’est de faire de Malartic un modèle de soins pluridisciplinaires dans les territoires. Elle en a les capacités et propose une offre déjà conséquente. On pourrait encore l’agrandir: aller de la maternité à la maison de retraite.
1. Il remplace Bernard Bensaïd, inquiété par la justice, depuis janvier.
Stéphane Mantion a fait quasiment toute sa carrière dans le domaine de la santé publique. Il a notamment développé la politique sanitaire de la ville de Paris au début des années 90.
Il a également occupé des postes en cabinet ministeriel. Il a aussi été, par deux fois, directeur général de la Croix-Rouge, mais aussi de l’Agence régionale de l’hospitalisation de la Guadeloupe (ARH) durant 5 ans.
Les intentions de Stéphane Mantion et du groupe Avec, les représentants du personnel de Malartic n’en ont que faire. "La confiance est rompue depuis longtemps, martèle Joëlle Arnal, syndicaliste. Ces changements de direction arrivent beaucoup trop tard. Nous sommes passés à autre chose."
Plainte et redressement judiciaire
L’histoire démarre en 2017. À cette époque, l’établissement médical, en grande difficulté, est racheté par Doctegestio (devenu par la suite Avec). L’horizon s’éclaircit mais l’apaisement est de courte durée selon les syndicats. À tel point qu’au printemps 2024, la CGT et Joëlle Arnal en tant que salariée de la structure décident de porter plainte pour "détournement de fonds publics, prise illégale d’intérêts, abus de confiance et abus de bien sociaux". Ils visent Bernard Bensaïd, le patron, mais également les sociétés Avec et Avec.fr.
"La direction du groupe est clairement responsable des difficultés de Malartic. Nous manquons de trésorerie alors même que notre activité est en hausse", soutenait alors la déléguée, pointant du doigt des conventions onéreuses et inutiles passées au profit de l’homme d’affaires.
La clinique Malartic (ainsi que quatre autres établissements associés) est placée en redressement judiciaire en juin 2024. La période d’observation du tribunal a été renouvelée. "Aujourd’hui, à notre grand soulagement, ce sont les administrateurs judiciaires qui nous dirigent", commente Joëlle Arnal.
La semaine dernière, dans une motion, le Comité social et économique de la clinique a rappelé qu’il voulait couper tous les liens avec Avec. Trois offres de reprises sont sur la table.
Var-Matin