Sur Netflix, le «Frankenstein» de Guillermo Del Toro au propre et au défiguré

Il est quelle heure, quelles aubes il nous reste ? A une époque distanciée où il faut se lever tôt pour faire, à qui que ce soit, croire à quelque chose, et surtout à des images, le Frankenstein de Guillermo Del Toro se lance dans ses deux heures trente avec une confiance dans son geste qui ne sera vraiment payée de retour qu’à la fin, quand il n’y aura plus rien à croire. Les derniers plans du film, dans le soleil levant de cette banquise numérique où il avait aussi commencé, de Jacob Elordi dans son beau costume de monstre, mèche de cheveux au vent glaciaire sur ses cicatrices, atteignent leur but, un au-delà du vrai et du faux, de l’artificiel et du réel, du kitsch et du sublime, ou du mort et du vivant.
Non qu’entretemps on n’ait pas été captivé ou capturé par cette adaptation fidèle du roman de science-fiction gothique de Mary Shelley paru en 1818 – plus littéralement fidèle que celle de James Whale de 1931, pourtant conforme à son esprit d’être si radicalement queer (une dimension ici évaporée sans reste), moins que celle, lecture appliquée, de Kenneth Branagh de 1994 par exemple. Guillermo Del Toro, auteur au scénario et à la mise en scène, reprend le récit-cadre de l’expédition a
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