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Massacre de Caspar Brötzmann | Crunching, non classé

Massacre de Caspar Brötzmann | Crunching, non classé
Brötzmann au Brummbratzeln

Le Caspar Brötzmann Massaker explore « des phénomènes acoustiques au-delà de la tonalité conventionnelle », selon un article récent du magazine musical « Visions ». C'est bien formulé. On imagine facilement ce que cela signifie. On le sait immédiatement : rien ici pour ceux qui aiment se balancer joyeusement au rythme 4/4. La discussion portait sur le nouvel album du groupe, leur premier depuis plus de 25 ans.

Caspar Brötzmann, fils du saxophoniste free jazz Peter Brötzmann, fonda son groupe à Berlin-Ouest en 1986, à une époque où le punk rock avait disparu depuis longtemps. Berlin-Ouest demeurait néanmoins une ville qui tenait une promesse pour tous les amis du non-conformisme : « Ici, je suis membre d'un groupe marginal, ici, j'ai le droit d'être. » Le désir d'utiliser les moyens du rock pour créer le son le plus brut et le plus non-conformiste possible semblait être présent chez ce jeune homme de 24 ans, qui, jeune adolescent, admirait des guitaristes comme Jimmy Page (Led Zeppelin) et Ritchie Blackmore (Deep Purple, Rainbow). Ils fréquentaient la sous-culture berlinoise aux côtés d'Einstürzende Neubauten et de Nick Cave. Au milieu des années 1990, ils avaient sorti une poignée d'albums dont les titres suggéraient une préférence pour la couleur noire (« Black Axis », « Der Abend der schwarzen Folklore ») et dont la musique « ne revendiquait aucune identité » (« Taz »). Sur scène, le groupe assurait la première partie de groupes partageant les mêmes idées, comme Sonic Youth.

Le groupe s'est séparé à la fin des années 90, ne se réunissant que de temps en temps pour des concerts. Mais il y a quelques années, le noise rock brut, pesant et ronflant de Caspar Brötzmann a été redécouvert par le label américain Southern Lord, spécialisé dans ce genre musical. Deux anciens disques ont été réédités.

Dès le début, l'une des questions fondamentales de Brötzmann semblait être : comment obtenir des sons brutaux, impensables, avec une guitare amplifiée électriquement ? Depuis, l'artiste travaille, parfois plus ou moins intensément, à répondre à cette question. Les exercices pratiques semblent alors aboutir à des pièces musicales.

Le trio donne actuellement ses premiers concerts depuis de nombreuses années. Ils comptent également une nouvelle batteuse, Saskia von Klitzing, auparavant connue principalement comme la batteuse de Fehlfarben. Mercredi soir dernier, les « Massaker », comme le groupe se surnomme lui-même, se sont produits à Berlin-Kreuzberg. De nombreux spectateurs arboraient des t-shirts aux imprimés (Celtic Frost, Sleep, Brutal Assault, Ten Foot Pole) rappelant les genres musicaux préférés des spectateurs : du black metal au stoner rock, en passant par le doom metal et le hardcore. La trinité de l'écoute douloureuse : sombre, forte et puissante.

Comme prévu, le concert débute par un grondement de tonnerre répétitif : Brumm, Bratzel, Brumm, Bratzel. Ça dure deux minutes. Vous avez le temps. Brumm, Bratzel. Puis Brötzmann monte sur la petite scène avec sa guitare électrique et continue de jouer du brumm-bramble. Il tambourine et tape sans cesse la peau de la guitare avec ses doigts. Ici, l’instrument n’est pas réduit à sa simple existence de guitare ; ici et maintenant, il peut être un corps sonore complet et même du brumm-bramble, ou produire des bruits de bétonnière ou de moteur d’avion quand il (ou celui qui le manipule) en a envie. On comprend vite : Brötzmann est toujours le même.

Comme prévu, le concert commence par un grondement de tonnerre répétitif : tonnerre, tonnerre, tonnerre, tonnerre. Cela dure deux minutes. Il reste largement le temps.

Le grondement du tonnerre et le grondement de la batterie se transforment sensiblement en d'autres sons plus intenses. Brötzmann gratte, gratte, frotte et frotte sa guitare électrique, créant un son sourd et vrombissant. Que fait la guitare ? Elle gémit et grogne, puis bourdonne et grince simultanément. Ça marche. Incroyable, mais bourdonne et grince simultanément, c'est possible ; je l'ai entendu moi-même. La batterie et la basse accompagnent parfaitement le bourdonnement, toutes deux retombant à répétition dans un rythme terne et archaïque. Le grondement de la section rythmique complète parfaitement le grincement de la guitare. Bien sûr, Brötzmann ne peut ou ne veut pas chanter, ce qui nuirait à la musique. Au lieu de cela, il crie, hurle ou déclame des fragments de phrases dans le micro. On ne comprend pas un seul mot, mais c'est inutile. On ressent l'ambiance. On sent que ce sont des choses désagréables dont on parle. Pour une fois, on entend le mot « panne », qui signifie quelque chose comme panne, dysfonctionnement, défaillance mécanique. Et là, on comprend : oui, exactement, c'est ça. Parfois, il frotte ses articulations contre le chevalet de la guitare, comme s'il essayait d'essuyer avec force une tache invisible. Ça aussi, ça fait des bruits désagréables, et ce soir, il n'en manque pas.

Dans les moments plus calmes, on dirait qu'un Neil Young désorienté et sous amphétamines joue la bande-son atonale d'un film de science-fiction underground bulgare de la fin des années 1970. Dans les passages plus entraînants, on dirait un concert des Swans des années 1980, c'est-à-dire comme si l'on entendait un embouteillage unique et interminable, accompagné des sirènes d'un système d'alarme en panne, impossible à désactiver. Plus tard dans la soirée, les événements acoustiques se fondent dans une cacophonie de grincements, de coups de marteau, de grincements et de sciages incessants, à laquelle on finit par céder sans résistance.

Certes, ce rock improvisé et expérimental, entrecoupé de bruits de chantier et dont les origines remontent aux années 1980 permissives, ne plaît clairement pas à tout le monde. Mais soyons honnêtes : la pop de tente à bière d'Andreas Gabalier pour semi-nazis ne plaît pas non plus à tout le monde.

nd-aktuell

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