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Attaque massive : les Britanniques mettent à rude épreuve leur propre héritage

Attaque massive : les Britanniques mettent à rude épreuve leur propre héritage
Robert Del Naja et Grant Marshall associent de vieilles chansons à de nouveaux messages vidéo.

James Smith/Sam Snap/Getty

Lorsque Massive Attack donne un concert, le public n'est plus jeune. Le groupe a conquis ses fans dans les années 1990, en marquant l'époque de son trip-hop sombre. Si vous pensez que la pop de l'époque était synonyme de fêtes sans fin, il faut écouter les complaintes infernales et les sonorités apocalyptiques avec lesquelles les musiciens de Bristol ont évoqué des peurs dystopiques sur des albums comme « Blue Lines ». Massive Attack s'est imposé comme un groupe impressionnant et précurseur. Les années 1990 n'avaient guère mieux à offrir.

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Peut-être que les chanteurs Robert Del Naja et Grant Marshall, qui ont mené le groupe au Zurich Open Air City lundi soir à la patinoire Dolder, étaient des prophètes. Peut-être ont-ils pressenti il ​​y a 30 ans ce qui pourrait se tramer aujourd'hui. Et peut-être manquent-ils d'envie de créer de la nouvelle musique, car leurs tubes font également leurs preuves dans la bande originale du présent ?

Une mission écrasante

Le répertoire du concert est en effet exclusivement dominé par d'anciennes chansons. Au lieu de cela, la performance est surchargée d'images vidéo et de messages inédits. La charge écrasante des mots et des images réduit la musique à un simple accompagnement. Cela se voit aussi visuellement. Sept ou huit silhouettes sont présentes sur scène : les musiciens ! On distingue difficilement quelques instruments et micros. Mais le groupe n'interprète pas les chansons ; il les débite. Les sons forment un tapis roulant d'émotions chronologiquement chronométrées. Il n'y a ni place à la spontanéité, ni à la communication avec les fans.

Au-dessus de la scène, un gigantesque panorama vidéo s'étend. Contrairement à d'autres pop stars, Massive Attack ne se projette pas sur un grand écran. À la place, des chiffres et des lettres défilent sur le mur vidéo. Au début, des publications de stars et de starlettes, dignes d'un tabloïd, défilent sur l'écran. Suivent ensuite des séquences sur les dangers de la vidéosurveillance. Le changement climatique devient également un sujet de discussion, jusqu'à ce que le mur d'images montre enfin les guerres contemporaines.

Israël est présenté comme un belliciste. On voit la destruction à Gaza. Puis celle en Ukraine. Puis une usine de bombes en Oklahoma. Les Américains profitent-ils donc de la guerre ? Pas étonnant, on voit bientôt Trump, mais aussi Poutine et Netanyahou. À un moment donné, la Suisse deviendra également un bouc émissaire, car les profits de la guerre finiront dans les banques suisses. Pour que tout le monde comprenne, les slogans britanniques sont traduits en dialecte : « Bienvenue à Zoug – c'est là que va l'argent. »

En soi, rien n'oppose d'objection à l'engagement politique du groupe, tout comme il n'y a aucune objection à la tentative de transformer un concert en spectacle multimédia. Mais la performance de Massive Attack se révèle être une surcharge sensorielle bruyante et criarde qui, en fin de compte, sert autant l'épanouissement politique que l'expression musicale.

Plus de désir

Le chanteur Horace Andy n'a pas la possibilité de développer sa voix reggae vibrante dans « Angel », et la chanteuse Deborah Miller manque de souffle et d'enthousiasme dans des tubes comme « Safe From Harm » et « Unfinished Sympathy ». On se demande si les chanteurs n'aimeraient pas essayer une nouvelle chanson plutôt que de répéter les mêmes couplets. Elizabeth Frazer offre au moins un bref moment de chant dans « Teardrop », où le flot d'images est temporairement suspendu.

Après 90 minutes, le concert s'est terminé sans présentation, sans au revoir du groupe et sans applaudissements finaux. Avec ce concert, Massive Attack a porté atteinte à son propre héritage.

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