Le gel du financement américain menace la lutte mondiale contre le VIH/SIDA

Si certaines mesures exceptionnelles ont permis une reprise partielle des services de santé, de nombreuses initiatives de la société civile et programmes de prévention restent fermés , suscitant des inquiétudes quant à la hausse des infections et aux perturbations des traitements.
Violations à grande échelleBien que certains services, tels que la thérapie antirétrovirale (TAR) et la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant, aient été temporairement repris, leurs perspectives à long terme restent incertaines.
Selon le rapport, les principaux systèmes gouvernementaux américains responsables du financement des programmes ne fonctionnent pas ou fonctionnent avec de graves limitations. Cela signifie que les perturbations des services ne pourraient que s’aggraver, prévient l’ONUSIDA.
Les programmes de prévention et les initiatives menées par la société civile ciblant les populations clés – adolescents, jeunes femmes et filles, travailleurs du sexe et communauté LGBT – ont été particulièrement touchés. En outre, le processus de collecte et d’analyse des données nécessaires au suivi de l’épidémie a été gravement perturbé.
Dégâts dans les pays les plus vulnérablesLes États-Unis financent 50 à 60 % de la lutte contre le sida en Côte d’Ivoire, couvrant les coûts de 516 établissements de santé qui servent 85 % des personnes vivant avec le VIH (environ 265 000 personnes). Le gel du financement a entraîné la fermeture de ces programmes, affectant plus de 8 600 agents de santé. Bien que certains services aient repris depuis l’assouplissement des restrictions le 12 février, la plupart des services de prévention du VIH destinés aux populations les plus vulnérables restent fermés.
Au Mozambique, le personnel travaillant pour le Plan d'urgence du président américain pour la lutte contre le sida (PEPFAR) a été licencié, ce qui rend les tests du VIH indisponibles dans la plupart des régions et suspend le recrutement de nouveaux patients. En Afrique du Sud, les centres de soutien pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes restent fermés. Au Kenya et au Ghana, les organisations de la société civile fournissant des services de lutte contre le VIH ont cessé leurs activités et leur personnel perd massivement son emploi.
La chaîne d’approvisionnement en médicaments vitaux est menacée en Ukraine. La livraison de préservatifs, de lubrifiants et de tests rapides d'hépatite C prévue pour janvier 2025 n'a pas été confirmée, tandis que la livraison de médicaments antirétroviraux attendue en mars reste incertaine, indique le rapport.
La situation est encore compliquée par le fait que de nombreuses stratégies de prévention du VIH, comme la circoncision médicale volontaire masculine et la prophylaxie pré-exposition, ont été exclues de la liste des services éligibles à des autorisations de financement continu.
Risques pour la chaîne d’approvisionnement mondialeLes États-Unis jouent un rôle clé dans le financement du traitement et du diagnostic du VIH dans le monde entier. Le PEPFAR couvre 19 % de tous les achats de médicaments antirétroviraux dans 36 pays à revenu faible et intermédiaire. Si l’on exclut les pays disposant d’un financement national important, comme le Brésil, l’Afrique du Sud et le Botswana, la part des États-Unis s’élève à 32 %.
Certains pays, comme la République démocratique du Congo, Haïti, le Mozambique, la Tanzanie et la Zambie, reçoivent plus de 50 pour cent de leurs médicaments antirétroviraux des États-Unis. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, financé pour un tiers par les États-Unis, est également à court de fonds, mettant en péril le traitement de millions de personnes.
Crise de santé publiqueLes experts de la santé préviennent qu’un gel prolongé du financement pourrait anéantir des décennies de progrès dans la lutte mondiale contre le VIH/SIDA. L’ONUSIDA et ses partenaires internationaux travaillent avec les gouvernements des pays touchés pour mobiliser une aide d’urgence et identifier des sources alternatives de financement.
Toutefois, sans intervention urgente, des millions de personnes pourraient être confrontées à des interruptions de traitement, ce qui entraînerait une augmentation des nouvelles infections au VIH et des décès liés au sida.
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