Découvrez la startup chinoise qui utilise l'IA — et une équipe de travailleurs humains — pour former des robots.

AgiBot, une entreprise de robotique humanoïde basée à Shanghai, a mis au point une méthode permettant à des robots à deux bras d'apprendre les tâches de fabrication grâce à la formation humaine et à la pratique en conditions réelles sur une chaîne de production en usine.
L'entreprise affirme que son système, qui combine téléopération et apprentissage par renforcement, est actuellement testé sur une chaîne de production appartenant à Longcheer Technology, une entreprise chinoise qui fabrique des smartphones, des casques de réalité virtuelle et d'autres appareils électroniques.
Le projet d'AgiBot illustre comment une intelligence artificielle plus avancée commence à transformer les capacités des machines industrielles – une innovation qui pourrait s'étendre à de nouveaux secteurs de la production en Chine et ailleurs. Cette tendance pourrait accroître la productivité et permettre de fabriquer des produits avec moins de main-d'œuvre à bas salaire. Si certains emplois pourraient disparaître, de nouveaux pourraient en être créés.
Les robots sont largement utilisés dans les usines pour des tâches comme le levage de cartons et le déplacement de conteneurs. Cependant, l'assemblage d'un iPhone, par exemple, exige dextérité, perception fine et capacité d'adaptation — des qualités qui font généralement défaut aux robots. Si l'IA est de plus en plus utilisée pour aider les robots à repérer des objets se déplaçant sur des convoyeurs et à déterminer comment les saisir, elle ne constitue pas encore un outil fiable pour leur apprendre à effectuer des manipulations complexes.

AgiBot G2 en action.
Avec l'aimable autorisation d'AgiBotSelon Yuheng Feng, représentant d'AgiBot, le robot déployé à l'usine de Longcheer prélève des composants sur une machine effectuant des tests, puis les place sur une chaîne de production — le type de tâche que les robots peuvent gérer car elle n'implique pas de manipulation fine ni de travail avec des pièces pliables ou fragiles.
La véritable question est de savoir dans quelle mesure les algorithmes d'AgiBot peuvent efficacement enseigner de nouvelles compétences à ses robots. L'apprentissage par renforcement, utilisé pour enseigner à un robot des tâches nécessitant de l'improvisation, requiert généralement une grande quantité de données d'entraînement, et les études montrent qu'il est impossible de le perfectionner entièrement par simulation.
AgiBot accélère l'apprentissage en faisant guider le robot par un opérateur humain tout au long d'une tâche, ce qui lui permet ensuite d'apprendre de manière autonome. Avant de cofonder AgiBot, Jianlan Luo, directeur scientifique, a mené des recherches de pointe à l'UC Berkeley, notamment sur un projet où des robots acquéraient des compétences grâce à l'apprentissage par renforcement avec intervention humaine. Ce système a notamment permis de réaliser des tâches telles que le placement de composants sur une carte mère.
Feng explique que le logiciel d'apprentissage d'AgiBot, appelé Real-World Reinforcement Learning, ne nécessite qu'une dizaine de minutes pour former un robot à une nouvelle tâche. Cet apprentissage rapide est essentiel car les chaînes de production évoluent souvent d'une semaine à l'autre, voire au cours d'une même production. Les robots capables de maîtriser rapidement une nouvelle étape peuvent ainsi s'adapter aux besoins des opérateurs humains.
Former des robots de cette manière exige un effort humain considérable. AgiBot possède un centre d'apprentissage robotique où elle rémunère des personnes pour téléopérer des robots afin d'aider les modèles d'IA à acquérir de nouvelles compétences. La demande pour ce type de données d'entraînement robotique est croissante, certaines entreprises américaines payant des travailleurs dans des pays comme l'Inde pour effectuer des tâches manuelles servant de données d'entraînement.
Jeff Schneider, roboticien à l'université Carnegie Mellon spécialisé dans l'apprentissage par renforcement, affirme qu'AgiBot utilise des techniques de pointe et devrait être capable d'automatiser des tâches avec une grande fiabilité. Il ajoute que d'autres entreprises de robotique explorent probablement l'utilisation de l'apprentissage par renforcement pour les tâches de production.
AgiBot est une entreprise en pleine expansion en Chine, où l'intérêt pour l'alliance de l'IA et de la robotique est en plein essor. Elle développe des modèles d'IA pour différents types de robots, notamment des humanoïdes mobiles et des bras robotisés fixes.

Gros plan sur AgiBot G2 réussissant une tâche de précision après l'entraînement.
Avec l'aimable autorisation d'AgiBotLa boucle d'apprentissage d'AgiBot, basée sur l'IA, correspond précisément au type de technologie que les entreprises américaines devront maîtriser si elles souhaitent relocaliser une partie de leur production. Plusieurs start-ups américaines perfectionnent actuellement des algorithmes pour de nouvelles formes d'apprentissage robotique. Parmi elles, Physical Intelligence , une start-up bénéficiant d'importants financements et cofondée par certains des chercheurs ayant travaillé sur le même projet que Luo à l'UC Berkeley, et Skild , une spin-off de l'Université Carnegie Mellon qui a récemment présenté des algorithmes robotiques capables de s'adapter à de nouvelles formes physiques, notamment des systèmes à pattes et des bras robotisés.
L'immense base industrielle chinoise devrait conférer aux start-ups locales des atouts majeurs. Parmi ceux-ci figurent une chaîne d'approvisionnement capable de prototyper rapidement et de produire des robots à grande échelle, un marché prêt à accueillir la main-d'œuvre robotisée et une main-d'œuvre qualifiée pour former les modèles robotiques.
D'après la Fédération internationale de robotique, un organisme représentant le secteur, la Chine compte déjà plus de robots industriels en service que tous les autres pays réunis. Le dernier plan quinquennal du gouvernement chinois, publié en septembre, préconise également une croissance économique davantage axée sur la technologie, avec un accent particulier sur l'intelligence artificielle et la robotique, ce qui devrait stimuler les investissements et les initiatives gouvernementales visant à développer des robots plus performants.
Un entrepreneur américain du secteur de la robotique m'a récemment confié qu'il n'était pas particulièrement inquiet des concurrents américains, mais que les entreprises chinoises de robotique lui donnaient des insomnies.
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