László Krasznahorkai, prix Nobel de littérature 2025 : « Ma plus grande inspiration est l'amertume »

Qui aurait cru que recevoir un prix Nobel puisse être une catastrophe ? Pour László Krasznahorkai (Hongrie, 1954), récemment nommé lauréat du prix Nobel de littérature 2025 le 9 octobre, c’est « bien plus qu’une catastrophe ».

Après avoir reçu l'appel de la Fondation Nobel, Krasznahorkai a exprimé sa surprise, son humilité et une certaine réflexion existentielle. Le Hongrois a répondu à l'appel depuis Francfort-sur-le-Main, où il rendait visite à un ami. « Je n'arrive pas à croire que je suis lauréat du prix Nobel, mais je suis heureux », a-t-il avoué dans une conversation publiée jeudi après-midi par l'Académie Nobel.

Comme on peut s'y attendre de la part d'un auteur qui écrit souvent sur la décadence morale et le chaos de l'esprit humain, il a évoqué Samuel Beckett, d'où la catastrophe, aussi existentialiste que personnelle : « Je pense maintenant à la réaction de Samuel Beckett après avoir reçu son prix Nobel... sa première phrase a été : "Quelle catastrophe !" C'est pourquoi je dis que c'est plus qu'une catastrophe : c'est du bonheur et de la fierté. »

Recevoir le prix Nobel de littérature réaffirme sa détermination à continuer d'écrire dans sa langue maternelle : « Faire partie d'une lignée qui compte tant de grands écrivains et poètes me permet d'utiliser ma langue maternelle, le hongrois. » Il a également lancé un message en faveur de l'imagination et de la lecture en ces temps difficiles, car sans imagination, a-t-il affirmé, « la vie est complètement différente. » « Je souhaite que nous retrouvions tous la capacité d'utiliser notre imagination », a-t-il déclaré.

Mais tout ne tourne pas autour de la fantaisie. L'amertume est aussi la vie (et la création). László Krasznahorkai reconnaît que sa principale source d'inspiration vient de la tristesse face à la réalité contemporaine : « Ma plus profonde inspiration est l'amertume . Penser à l'état du monde actuel m'attriste profondément. Nous vivons une époque très sombre et nous avons besoin de beaucoup plus de force pour survivre qu'avant. »

Concernant son processus créatif, il reste réservé : « Je ne parle jamais de ce que j'écris », confie-t-il. « Je ne le montre jamais, même pas à mes amis écrivains. » Pour lui, chaque livre qu'il écrit est une tentative de s'améliorer.

Loin de toute célébration ostentatoire, il a révélé que sa journée se déroulerait comme prévu , car s'il y avait une chose qui n'était pas dans ses plans, ce n'était pas de recevoir un prix Nobel : « Peut-être que le soir je dînerai avec mes amis ici à Francfort, avec du porto et du champagne. »