Un billion de dollars d'actions technologiques en baisse face à la méfiance croissante du marché envers l'IA

La confiance du marché dans l'intelligence artificielle semble s'éroder, et les entreprises qui y investissent massivement paraissent perdre des soutiens. Le Financial Times souligne qu'au cours de la semaine écoulée, près de 1 000 milliards de dollars de capitalisation boursière ont été perdus pour plusieurs géants de la Silicon Valley, tous fortement impliqués dans l'IA générative. Parmi ces entreprises figurent Oracle, Meta, Palantir et Nvidia, précise le journal. Ce dernier qualifie cette semaine de pire pour Wall Street depuis le «  jour de la libération » de Trump.

Le repli des valeurs technologiques ne se limite pas aux géants du secteur. Des entreprises comme Sweetgreen, spécialisée dans les salades, ont également été touchées. Sweetgreen s'est positionnée comme une société d'automatisation proposant des salades en accompagnement. L'entreprise a en effet tenté de diversifier ses activités technologiques, notamment dans les domaines de l'IA et de la robotique. Cependant, ce rêve semble s'être évanoui : Sweetgreen a récemment cédé sa division robotique à Wonder et son cours de bourse a chuté de façon spectaculaire au cours de l'année écoulée .

Et puis il y a Microsoft qui, malgré sa position parmi les entreprises les plus puissantes et influentes de la Silicon Valley, semble traverser l'une de ses plus fortes périodes de pertes. Bloomberg a rapporté vendredi que son action avait chuté de 8,6 % en huit jours, une baisse qui a fait disparaître quelque 350 milliards de dollars de capitalisation boursière. Il s'agit du pire repli de l'entreprise depuis 2011, année où son action avait enregistré des pertes pendant neuf jours consécutifs, selon le média.

Au cœur de la chute du cours de l'action se cache une inquiétude croissante concernant le secteur de l'IA, extrêmement coûteux à exploiter et dont les retours sur investissement restent encore flous. Bloomberg souligne que Wall Street pourrait se méfier des sommes colossales investies dans l'IA (Microsoft a dépensé près de 35 milliards de dollars au cours du dernier trimestre) alors que les profits tardent à se concrétiser. Dans son article sur la chute du cours de l'action Microsoft, le média note :

L'action n'a pas enregistré de séance positive depuis la publication de ses résultats trimestriels fin octobre. Bien que le rapport ait mis en lumière plusieurs points positifs, notamment une croissance supérieure aux prévisions de son activité de cloud computing Azure, Wall Street se montre de plus en plus sceptique quant aux sommes colossales que les entreprises investissent dans le développement de leur infrastructure d'IA.

Dans le même temps, le ralentissement du secteur technologique pourrait s'inscrire dans une conjoncture économique globalement désastreuse, de nombreux indicateurs (les données économiques officielles étant actuellement indisponibles en raison de la paralysie des services gouvernementaux) semblant dresser un tableau de plus en plus sombre. De fait, un récent rapport du cabinet de services de transition professionnelle Challenger, Gray & Christmas a révélé que les pertes d'emplois du mois dernier ont été les plus importantes enregistrées pour un mois d'octobre depuis 2003. Le secteur technologique a été le principal moteur de ces pertes, Amazon ayant à elle seule supprimé quelque 14 000 emplois, selon ce rapport.

Besoin d'autres preuves que notre économie est en pleine déroute ? Une enquête mensuelle de l'Université du Michigan révèle que le moral des consommateurs atteint actuellement des niveaux historiquement bas. « Avec le blocage des services fédéraux qui dure depuis plus d'un mois, les consommateurs s'inquiètent des conséquences négatives potentielles pour l'économie », a déclaré Joanne Hsu, directrice de l'enquête. « Ce repli du moral, observé ce mois-ci, touche l'ensemble de la population, indépendamment de l'âge, du revenu ou de l'appartenance politique », a-t-elle ajouté.

Autrement dit, nous sommes en plein cœur de la « plus grande économie » de tous les temps. Bienvenue dans ce nouvel « âge d'or » , où les emplois sont rares, où tout est cher et où règne la peur ! Quel endroit formidable !