Canicule : qu’est-ce que la pollution à l’ozone, qui se déclenche avec les fortes chaleurs ?

Si les plus fortes chaleurs attendues cette semaine toucheront le Sud-Ouest (avec 12 départements en vigilance rouge), le Sud-Est ne sera pas épargné non plus et devrait dans le même temps faire face à un pic de pollution à l’ozone. Ces épisodes sont fréquents lorsque le thermomètre s’affole.
Le niveau d’alerte 2 pour la pollution à l’ozone a ainsi été déclenché dans les Bouches-du-Rhône et dans le Vaucluse, lundi 11 août, tandis que l’alerte de niveau 1 est maintenue sur le Var. Selon la plateforme Prev’Air de surveillance de la qualité de l’air, le phénomène pourra également être observé en Occitanie, avant de s’étendre dès mardi à la région Auvergne-Rhône-Alpes, la Bourgogne-Franche-Comté, le Grand Est, l’Île-de-France, jusqu’aux Hauts-de-France.
On parle de pollution à l’ozone lorsqu’une trop forte concentration d’ozone est retrouvée dans l’air à basse altitude, ce qui est anormal. L’ozone est naturellement présent sous forme de gaz à haute altitude, dans la stratosphère, et nous protège des rayons ultraviolets (la fameuse couche d’ozone). Dans la basse atmosphère (entre 0 et 10 kilomètres), il constitue en revanche un polluant dit « secondaire », qui se forme sous l’effet d’une réaction chimique entre différents polluants déjà présents dans l’air.
Sous l’effet d’un fort ensoleillement et de températures élevées, l’ozone se crée à la suite d’une transformation chimique entre les composés organiques volatils (COV), le méthane (CH4) et le monoxyde de carbone (CO), lorsqu’ils sont en présence d’oxydes d’azote (NOx). Ces différents polluants proviennent principalement du trafic routier, des émissions de certaines industries, de l’activité agricole, du chauffage ou encore des solvants utilisés dans la peinture (les COV).
Le changement climatique et la multiplication des vagues de chaleur créent de plus en plus régulièrement ces conditions propices aux épisodes de pollution à l’ozone. Dans le même temps, les efforts pour réduire l’émission des premiers polluants montrent leurs premiers effets.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) fixe le seuil d’ozone dans l’air à ne pas dépasser à 100 microgrammes (µg)/m3 en moyenne sur une durée de 8 heures. La réglementation européenne a établi cette limite à 120 µg/m3 en moyenne sur la même durée et indique que ce seuil est à ne pas dépasser plus de 25 jours par an, pour préserver la santé humaine. En ce qui concerne l’alerte actuelle de pollution à l’ozone en France, des dépassements pourront atteindre les 180 µg/m3.
L’ozone est considéré comme un gaz corrosif pouvant provoquer et aggraver des troubles cardiovasculaires ou respiratoires. La pollution à l’ozone renforce par exemple, l’asthme et peut provoquer une toux, des rhinites, des irritations des yeux et de la gorge ainsi que des maladies chroniques.
Selon l’agence européenne de l’environnement, 70 000 décès étaient imputables à la pollution à l’ozone en 2022. « Ces décès auraient pu être évités en respectant les valeurs indicatives de l’OMS », note le rapport de l’agence sorti en 2024. En période de pic de pollution, il est recommandé aux personnes vulnérables (femmes enceintes, nourrissons, personnes souffrant de maladie cardiorespiratoire) de limiter leurs sorties.
Par ailleurs, la pollution à l’ozone affecte la végétation et les rendements des cultures, en réduisant les taux de croissance des plantes. Selon l’agence européenne de l’environnement, un tiers des terres agricoles européennes et 62 % des surfaces boisées étaient exposés à des niveaux de pollution supérieurs au seuil fixée pour la protection des végétaux.
En période de pic de pollution à l’ozone, des mesures immédiates peuvent être prises. Marseille n’autorise, dès ce lundi 11 août, la circulation dans l’hypercentre qu’aux voitures bénéficiant des vignettes Crit’Air 1 et 2. « La circulation différenciée sera maintenue tant que les seuils de pollution demeureront au niveau ayant motivé le déclenchement de l’alerte de niveau 2 », a indiqué la préfecture des Bouches-du-Rhône.
Pour accompagner cette mesure, la métropole Aix-Marseille-Provence met en place une tarification spéciale dans les transports en commun et parkings relais et rend gratuite les trente premières minutes d’utilisation des Vélos en libre-service en ville. La préfecture des Bouches-du-Rhône a de son côté abaissé de 20 km/h la vitesse maximale sur les autoroutes et ordonné de diminuer la vitesse des navires à proximité du port.
Pour agir sur le long terme, des plans plus larges de réduction des polluants à l’origine de la formation de l’ozone ont été mis en place en France et dans plusieurs pays européens. Ils comprennent les dernières des réglementations sur les émissions des véhicules à moteur, sur la composition des carburants, sur le bois de chauffage ou encore l’interdiction de brûler des déchets verts…
Selon l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris), ces mesures ont permis de diminuer l’intensité des pics d’ozone ces vingt dernières années en France. Les teneurs annuelles moyennes dans l’air restent malgré tout élevées et ont même augmenté entre 2000 et 2020. L’institut appelle donc à la plus grande vigilance pour limiter cette pollution moyenne, qui pourrait s’aggraver avec le changement climatique.
La Croıx