Région de Haguenau. Eaux polluées par des résidus de pesticides : la préfecture accorde quatre dérogations

Les dérogations étaient attendues, et permettront aux exploitants et distributeurs d’eau potable dans la région haguenovienne de continuer à alimenter les robinets de 100 000 habitants : le 20 juin, la préfecture du Bas-Rhin a publié quatre arrêtés dont la validité s’étalera jusqu’en juin 2028. Soit la date à laquelle, enjoignent les autorités, des mesures correctives devront avoir été mises en place.
Les premiers arrêtés avaient été signés en 2022, et donnaient l’autorisation à quatre gestionnaires (la communauté d’agglomération de Haguenau, la communauté de communes de la Basse-Zorn, et les commissions locales de Hochfelden et de Brumath du Syndicat des eaux et de l’assainissement, ou SDEA), de continuer à distribuer une eau dont les limites de qualité avaient été dépassées (soit plus de 0,1 microgramme/litre).
En cause, des résidus d’herbicides : l’oxa alachlore en ce qui concerne la région de Haguenau, et des métabolites de chloridazone (desphenyl et méthyl desphenyl) dans le secteur de Hochfelden, Brumath et la Basse-Zorn. L’eau des secteurs concernés ne dépasse cependant pas les limites sanitaires maximales, soit 50µg/l pour le métabolite d’alachlore, 11µg/l pour le chloridazone desphenyl et 110µg/l pour le chloridazone méthyl desphenyl.
« L’ingestion d’une eau contenant un pesticide ou un métabolite à une concentration inférieure à la valeur sanitaire n’entraîne […], en l’état des connaissances […], aucun effet néfaste pour la santé », estime ainsi l’Agence régionale de santé bretonne. « Ce qu’on a retrouvé, c’est l’équivalent d’une cuillère à café de produit dans une piscine olympique », résume plus simplement Jean-Lucien Netzer, vice-président chargé du Grand cycle de l’eau pour la communauté d’agglomération de Haguenau.
Les exploitants seront néanmoins tenus de revenir à des taux inférieurs aux limites de qualité d’ici 2028. Dans la région de Haguenau, la communauté d’agglomération a pour ambition de construire une usine de traitement à Oberhoffen-sur-Moder , qui fonctionnera avec des filtres à charbon actif, comme cela se fait déjà à Rohrwiller, ajoute Jean-Lucien Netzer. Dans la Basse-Zorn et à Brumath, une solution similaire serait sur la table, mais doit encore être validée. « On aura décidé du scénario d’ici la fin de l’année », indique Denis Riedinger, président de la communauté de communes de la Basse-Zorn. Le site de traitement serait commun aux deux secteurs, ceci pour « limiter les coûts » et donc l’augmentation de la facture des usagers, explique Lucie Mallet, responsable métier eau potable pour le SDEA.
À Mommenheim enfin, où l’eau est captée et traitée pour ensuite être distribuée auprès de 45 communes (Alteckendorf, Buswiller, Hochfelden, Wintershouse…), des tests sont en cours : des filtres à charbon actif, qui complètent le dispositif déjà en place, ont pour objectif « de traiter cette chloridazone et retrouver une eau conforme. On est en phase d’étude sur le sujet. »
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