Près de 2 millions d’euros de fraude à l’Assurance maladie détectés et stoppés en 2024 en Dordogne, deux fois plus qu’en 2023

En 2024, 95 dossiers ont abouti à une sanction en Dordogne. Il s’agit majoritairement de fraudes aux audioprothèses et aux indemnités journalières. Des poursuites sont systématiquement engagées

Philippe Greiller
En septembre 2024, la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de la Dordogne prévoyait déjà la hausse des tentatives de fraude à l’Assurance maladie. L’avenir immédiat lui a donné raison. En 2024, près de deux millions d’euros de fraude ont été détectés et stoppés par ses services, soit le double du résultat obtenu en 2023. Comparée à l’exercice 2021, la hausse est supérieure à 230 %.
« L’affaire de tous »« La fraude, c’est l’affaire de tous », martèle Delphine Camblenne, directrice de la CPAM 24. « Ne jamais communiquer son numéro de Sécu, ni ses coordonnées bancaires en réponse à un SMS ou à un mail. Ne pas confier non plus sa carte Vitale pour une facturation ultérieure de soins », détaille la responsable. Plus original, car sous le coup de l’évidence, « ne pas acheter de faux certificats médicaux ou de fausses ordonnances ».
En 2024, 95 dossiers pour fraude ont abouti à une sanction. Ils sont majoritairement le fait de professionnels de santé (75 %). « C’est néanmoins l’affaire d’une minorité de professionnels qui jettent l’opprobre sur l’ensemble de la profession », souligne Julien Irvoas, directeur comptable et financier de la CPAM 24.
Fraude numéro un en Dordogne, celle aux audioprothèses, récurrente depuis la mise en place du 100 % Santé sur l’audioprothèse au 1er janvier 2021. Le montant total des fraudes localement ? 910 564 euros. « Il s’agit souvent d’audioprothésistes qui ne sont pas domiciliés en France et qui usent de stratagèmes variés comme l’usurpation d’identité, des facturations fictives ou des prescriptions frauduleuses », explique Sandrine Costardoy, responsable juridique du service de lutte contre la fraude. Une équipe qui emploie toujours cinq investigateurs et qui devrait s’étoffer en 2025.
Deuxième fraude la plus importante : une orthoptiste charentaise qui employait du personnel non formé et non diplômé et traitait des patients de plusieurs départements (368 000 euros fraudés en Dordogne, un million en Charente).
Nomadisme pharmaceutiqueDu côté des assurés, les fraudes aux indemnités journalières font la course en tête, en Dordogne comme partout ailleurs. Souvent, le médecin n’existe pas, quand son identité n’est pas usurpée. Ces faux arrêts de travail sont vendus sur les réseaux sociaux ou sur des plateformes en ligne. « On a aussi débusqué des fausses prescriptions médicales en vente sur Amazon, par exemple. Ou encore, on a mis au jour un trafic de codéine, pas onéreux, parce qu’une boîte coûte 2,50 €. Mais c’est un problème de santé publique, qui a entraîné une plainte auprès du procureur », ajoute la responsable du service juridique. Dans ce cas précis, il n’y a que quatre assurés concernés, pratiquant le nomadisme pharmaceutique.
Le vaste arsenal d’actions pour stopper les fraudes s’appuie sur quatre axes : l’évaluation, la prévention, la détection et le contrôle (axe le plus mobilisateur) et enfin la sanction. La CPAM engage « systématiquement » des poursuites contre les fraudeurs, des pénalités financières aux actions pénales (des peines d’emprisonnement), et, pour les professionnels, cela peut aller jusqu’au déconventionnement, précise l’Assurance maladie.
SudOuest