Incendie mortel en Charente. L’organisateur du séjour se défend : « Les survivants sont choqués, dévastés. C’est au-delà de ce qu’on peut imaginer »

L’organisateur du séjour adapté à Montmoreau en Charente, où l’incendie d’un gîte a provoqué la mort de cinq personnes, prend la parole après le drame. Il estime que toutes les conditions de sécurité ont été respectées. Il rend hommage aux propriétaires, « engagés dans l’accueil des personnes handicapées »
L’incendie de Montmoreau en Sud Charente, d’origine inconnue, a dévasté lundi 28 juillet le gîte Chez Gros Jean et provoqué la mort de cinq personnes, la propriétaire des lieux et quatre vacanciers en situation de handicap mental. Ce drame a provoqué une vive émotion chez les associations d’usagers en situation de handicap. Ces derniers demandent une meilleure sécurisation des lieux d’accueil. L’organisateur du séjour en Charente, le directeur de l’association UFCV Erland Egiziano, se défend de toute légèreté.

UFCV
Dans quel cadre l’association UFCV organisait le séjour de huit personnes en situation de handicap dans ce gîte de Montmoreau ?
Nous sommes une association d’éducation populaire, nous formons des animateurs et encadrons des colonies et des séjours adaptés pour des personnes en situation de handicap depuis plus de quarante ans. Nous faisons partir 5 000 vacanciers handicapés chaque année. Nous avons validé 400 hébergements dans toute la France. Nous les choisissons en fonction du niveau d’autonomie des vacanciers.
Aviez-vous l’habitude d’envoyer des vacanciers dans ce gîte ?
Oui, depuis trois ans, à un rythme d’une quinzaine de séjours par an. Le couple était très engagé aux côtés de notre association et accueillait des vacanciers handicapés depuis très longtemps.
Les encadrants étaient-ils suffisamment formés ?
Au regard du handicap lourd des vacanciers, un autisme sévère, nous avons choisi une équipe encadrante expérimentée. Ils sont titulaires du Bafa et ont suivi une formation interne spécifique. Le propriétaire des lieux faisait partie de l’équipe encadrante. Tout le monde était très soudé.
Le gîte était-il aux normes ?
Oui. C’est un des gîtes que nous utilisons le plus, en été comme en hiver. Les locaux sont parfaitement adaptés à tout type de handicap. Les chambres et les salles d’eau sont situées au rez-de-chaussée. Les détecteurs de fumée et les extincteurs étaient en service. Des travaux ont été réalisés il y a trois ans. Les services de l’État ont contrôlé le bâtiment il y a deux ans, nos services également.
La ministre déléguée en charge du Handicap Charlotte Parmentier-Lecocq a déclaré lundi qu’une seule partie du bâtiment avait été contrôlée et que le feu s’est déclaré dans une seconde partie.
Ce n’est pas exact (1). L’ensemble du bâtiment a été contrôlé en 2023. J’ai relu les rapports d’inspection à plusieurs reprises. Le système d’alerte incendie a fonctionné. Tout était conforme.
Comment se portent les survivants ?
Une vacancière est toujours hospitalisée à Angoulême. Trois encadrants sont sortis de l’hôpital. Ils sont profondément choqués, dévastés. C’est au-delà de ce qu’on peut imaginer. Ils ont été pris en charge par une cellule psychologique d’urgence. La psychologue de notre association les suivra sur le long terme.
Nous sommes le principal opérateur en France, nous ne laissons rien au hasard. Nous mettons l’accent sur la sécurité et la qualité »
Qui sont les vacanciers ?
Ce sont des adultes handicapés âgés de 30 à 73 ans. Les personnes décédées sont âgées de 33 à 64 ans. Les deux personnes les plus âgées, qui pouvaient s’aider d’un déambulateur en extérieur, font partie des rescapées. Ils sont domiciliés le reste de l’année dans des structures adaptées en Dordogne, à Guéret, à Saint-Jean-d’Angély, à Saintes et à Châtellerault.
Votre association a-t-elle une part de responsabilité dans ce drame ?
Nous avons toutes les autorisations pour recevoir ce public particulier. Ces séjours n’existeraient pas depuis quarante ans si ce n’était cas le cas. Nous sommes le principal opérateur en France, nous ne laissons rien au hasard. Nous mettons l’accent sur la sécurité et la qualité.
Connaissez vous les causes de l’incendie ?
Non. L’enquête le dira. Tout ce que je sais, c’est que l’UFCV est une organisation sérieuse qui met tout en œuvre pour assurer la sécurité des vacanciers et des équipes encadrantes. C’est à eux que je pense aujourd’hui. Il y a d’autres vacanciers, des volontaires et des salariés qui se préparent à partir. J’imagine que cela doit être difficile de boucler sa valise aujourd’hui. Mais la vie continue, comme après un crash aérien ou un accident de la route. Notre mission est d’offrir une parenthèse à des personnes qui ont des vies uniquement rythmées par les soins et les contraintes de l’institution.
Certaines voix s’élèvent en disant que les leçons du drame de l’incendie de Wintzenheim de 2023, un autre incendie où onze personnes ont perdu la vie, n’ont pas été retenues.
Je ne suis pas d’accord. Mais c’est préférable de laisser retomber l’émotion.
L’UFCV est une organisation sérieuse qui met tout en œuvre pour assurer la sécurité des vacanciers et des équipes encadrantes »
(1) La préfecture de Charente confirme la version de la ministre et précise que « le second bâtiment n’a fait l’objet d’une déclaration pour l’accueil de séjours qu’en 2025 et n’avait pas encore fait l’objet d’une visite ».
SudOuest