Thomas Dutronc, Alex Lutz, Constance... Coups de cœur dans la saison à venir du Carré Sainte-Maxime

Chaque saison du Carré Sainte-Maxime renforce un peu plus l’essence même de cette scène conventionnée d’intérêt national: son ouverture sur le monde, en amenant des artistes de référence de la scène nationale et internationale, dans toutes les disciplines. Des spectacles qui représentent une diversité de créations artistiques pour cultiver la jeunesse d’esprit. Cette ouverture au monde sur scène va de pair avec le fondement du projet artistique: la convivialité et l'hospitalité, en direction des publics comme des artistes.
"Il est important pour moi, pour nous, que les spectateurs puissent venir non pas simplement voir un spectacle, mais vivre une expérience forte, unique, un moment où ils vont se sentir plus connectés aux autres", souligne d’emblée Valérie Boronad, directrice artistique de la scène maximoise. Un vivre ensemble que l’on retrouve dans la programmation. Parmi celle-ci, nourrie de grands noms du théâtre, de la musique, de la danse aussi, "il y a aussi des spectacles pour lesquels on va solliciter la confiance des publics, leur esprit de découverte", ajoute Valérie Boronad, en nous donnant ses coups de cœur.
DanseC’est le Centre chorégraphique national Mandalain ballet Biarritz qui lancera la saison 2025 - 2026 avec Les Saisons. "Thierry Mandalain quitte ses fonctions au CCN fin 2026. C’est un chorégraphe emblématique, l’un de ceux qui tournent le plus à l’international." Ici, ses danseurs – la fine fleur de la danse classique et néoclassique – réinventent le ballet des saisons sur la musique de Vivaldi. Une commande du directeur du Château de Versailles. "Mandalain, qui trouvait la musique très usée, en fait un ballet néoclassique, dans une scénographie contemporaine très esthétique". En y associant aussi, la partition des 4 saisons de l’Italien Giovanni Antonio Guido, contemporain de Vivaldi, écrites une dizaine d’années plus tôt (le 14 octobre à 20h30).
À l’extrémité de la corde danse, Peeping Tom, "compagnie de danse théâtre" comme elle se décrit elle-même, mais qui domine tout de même le registre de l’inclassable: "Son univers est fort, surréaliste, onirique, cinématographique." Empreint d’humour. "Ces artistes jouent de l’absurde, de la mythologie. De la dystopie dans cette création", ajoute Valérie Boronad. Chroniques, par Peeping Tom ,dont les cinq artistes cultivent cette jeunesse d’esprit et de découverte (les vendredi 5 et samedi 6 décembre à 20h30).
ThéâtreDans ce registre, le Cyrano porté par Edouard Baer est annonciateur de belles promesses au plateau. "On retrouve toute la beauté du texte bien sûr, dans cette mise en scène d’Anne Kessler [sociétaire honoraire de la Comédie-Française, ndlr], mais on découvre aussi une version plus contemporaine, beaucoup plus psychologique, du personnage, dont la mise en scène révèle toute la vulnérabilité, tout ce qui se cache derrière l’éloquence, la flamboyance et l’insolence." Comme si, tout en gardant son panache, Cyrano tombait le masque (le 13 février à 20h30).
Dans les Yeux de Monet mis en scène par Tristan Petitgirard offre un formidable jeu d’acteur à Clovis Cornillac dans le rôle de Monet . "Jouer un peintre qui est, par nature, très mutique, c’est quelque chose d’exceptionnel. On découvre ici Monet en 1892, après le décès de sa femme. Il découvre aussi un début de cécité qui remet en cause son art lui-même. Il est à Rouen, loge près de la cathédrale. Cherche le chemin de l’inspiration. Et à travers une rencontre, il va réussir à se réinventer." Le texte est signé Cyril Gély, "un auteur que nous avions eu la chance d’accueillir avec la pièce Diplomatie, c’est un auteur qui écrit autour des rencontres et des moments clés dans l’existence" (le 5 février à 20h30).
C’est un voyage dans le temps que propose Thomas Dutronc. Ce passionné de guitare manouche, à la croisée du funk, de la folk, du jazz, pour qui Il n’est jamais trop tard, du nom de son nouvel album et du nom de sa tournée, sera accompagné de 8 musiciens (le 25 octobre à 20h30).
Il rêvait de revenir sur les scènes de théâtre, pour des concerts plus intimistes: Calogero arrête son tour des théâtres au Carré. "Il voulait cette proximité avec le public." L’occasion de présenter son dixième album mais aussi de remonter le temps et retrouver tous les grands moments de son répertoire, tous les titres qui ont fait son succès (le 27 février 2026 à 20h30).
L’humour, c’est quelque chose que "l’on fait peut-être à contre-courant des scènes nationales et/ou d’intérêt national comme nous le sommes, mais on souhaitait absolument le défendre. L’humour est quand même une forme de résilience, une façon aussi de s’interroger sur les grands sujets de société, des sujets parfois graves."
Si Wally Dia partagera Une heure à tuer en janvier, c’est en mai que le Carré proposera un plus large focus humour avec trois rendez-vous. D’abord celui de Xavier Guelfi qui porte bien son nom: Brasser de l’air et s’envoler. "Une jolie découverte que cet artiste qui réfléchit à comment passer du désespoir, de la dépression, à une propension à croire dans le monde, de passer du pessimisme à une forme d’optimisme", dans cette façon bien personnelle de réinventer l’humour (le 5 mai à 20h30).
L’introspection se poursuit avec Constance dans son nouveau one woman show: InConstance. "Un spectacle à la fois très drôle et bouleversant", pour une artiste qui, ces dernières années, n’a caché si son burn out ni sa bipolarité. "C’est un magnifique moment de résilience, dans lequel elle parle de santé mentale, de santé psychique. On voit beaucoup de créations cette saison qui aborde la question de la santé mentale, c’est un des grands sujets de société. On l’a vu d’ailleurs avec le livre de Panayotis Pascot, dont l’adaptation théâtrale passe par le Carré. Constance en parle avec énormément d’humour, et montre combien elle ressort de ses épreuves plus virtuose dans ses maniements de l’humour" (le 7 mai à 20h30).
Enfin, c’est avec Alex Lutz et ses deux chevaux, compagnons et complices de jeu que l’on refermera la parenthèse humour. "Il revient au plateau des chemins intimes. Car quand il écrivait ce spectacle, il a perdu son père, qui a fini sa vie avec un syndrome du trouble de Diogène et de bipolarité. Après son décès, il a retrouvé une montagne de détritus accumulés, et il lui a fallu vivre et construire ce spectacle avec ça. travers ce décès, il a remonté le fil de toute une époque: les années soixante, de l’après-68, du flower power jusqu’aux années quatre-vingt. Il traverse la vie de son père et à travers lui, la vie de plusieurs générations, qu’il retrace." Sex, grog et Rocking chair est spectacle très émouvant et évidemment plein d’humour, de rire, en hommage à son père disparu et à ce parcours intergénérationnel de ce qu’est la France et le monde depuis l’après 68 (le 9 mai à 20h30).
Programmation détaillée du Carré et tarifs sur www.carre-sainte-maxime.fr
Var-Matin