«Le Cœur quand il explose» de Claire Griois lu par Bastien Elie, directeur d’association
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Les livres ont mille façons de parvenir jusqu’à nous. Parfois, nous l’avons tous vécu, cela se fait par la grâce d’un ami. Un ami qui parie sur une intuition : «Lis ça, cela te changera de tout ce que tu lis habituellement, ça va te plaire et, tu verras, il y a là une voix qui porte.» Et mon ami avait raison.
De quoi s’agit-il ? Que nous dit cette voix ? Sur une île grecque, une femme erre au gré de l’évocation de l’aimé trépassé. Temps aboli, fiction personnelle établie, douleur inextinguible. Entre ciel et mer, elle vagabonde pour rester debout. Dans un théâtre éblouissant traversé par un déluge, son exposition est totale.
Face au meurtre et à la disparition de l’aimé, l’invoquer encore, s’en repaître encore, l’aimer encore. En crever encore. Et assigner les meurtriers. Inspirateurs, commanditaires, fieffés exécutants. Les désigner, en tirer les conséquences. Entrer en rage comme d’autres entrent en clandestinité, par refus du renoncement. Sans espoir d’y réussir, s’évertuer à leur faire rendre gorge par la célébration hors de contrôle de ce qui a été, lumineux, qu’ils ont détruit. Il ne s’agit ni d’un deuil, ni d’une reconstruction. Juste d’un barrage, mais un barrage florissant. «… c’est peut-être celle-là, la plus belle lutte du siècle, quand les corps endormis, immobiles et collés, font bloc contre l’ennui, font bloc contre la nuit qui s’écrase sur les toits…» Refuser, ici, c’est vivre.
Dans ces pages, une seule et même longue phrase. Tout est affaire de ryt
Libération