Avec « Evanouis », Zach Cregger filme le cauchemar tapi sous l’Amérique ordinaire

L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER
A une époque où Hollywood ne produit plus que des remakes, des franchises ou des suites calibrées, le genre horrifique reste l’un des rares espaces où peut surgir, parfois, un geste inédit. Evanouis, le deuxième long-métrage en solo de Zach Cregger, après Barbare (2022), le prouve une nouvelle fois, s’avérant l’un des films les plus étonnants de la saison : une fable sinueuse à souhait, à la croisée de nombreuses influences (gothique provincial, récit d’invasion, cauchemar éveillé), parsemée de saisissantes visions d’effroi.
Ancien comédien issu de la scène humoristique américaine, Zach Cregger, né en 1981, a retenu des séries B classiques le souci de dénicher les peurs profondes dans les recoins de la réalité ordinaire. Le décor sera donc celui d’une petite ville de Pennsylvanie, de celles qui pourraient se croire sorties de l’histoire, mais où se prépare un grand retour de l’irrationnel.
Tout commence sous les auspices du conte : une voix off enfantine revient sur d’étranges événements d’un passé enfoui. Un soir, à 2 h 17, une vingtaine d’enfants se sont levés de leur lit et ont disparu, tous de la même classe à l’exception d’un seul, Alex, poulbot souffre-douleur, curieusement épargné. La scène est empreinte d’une grande poésie. Sur une folk mélancolique, ces silhouettes appelées par la nuit fendent en ligne droite les lieux vides, creusés d’ombre, de l’Amérique pavillonnaire.
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Le Monde