"Je savoure ma vie": JoeyStarr, du Festival de télé de Monte-Carlo au Nice Jazz Fest, trace sa route entre série, cuisine et musique

C’est toujours un pari d’aller à la rencontre de JoeyStarr, l’ancien leader du groupe de rap Suprême NTM qui, depuis, a ouvert son champ artistique à tout: cinéma, télévision, podcast, théâtre, street art, gastronomie. Rien n’arrête JoeyStarr, Didier Morville au civil, malgré ses 57 ans. À Monte-Carlo, l’artiste a pourtant son rond de serviette depuis qu’il a intégré le comité de sélection du Festival de télévision, où il nous avait donné rendez-vous. Le Rocher et JoeyStarr, c’est une rencontre étonnante. Détonante. "Je ne sais pas ce qui leur a pris. Je remplace Roger Moore, lance-t-il. Je suis le premier Européen racisé à rentrer. En face, il y a Dick Wolf, Jerry Bruckheimer. J’arrive avec ma tête de moricaud. J’adore l’idée. Je leur ai demandé s’ils avaient l’adresse de leur dealer..." Le ton est donné d’entrée.
À trente kilomètres de Monte-Carlo, Nice sera le prochain point de chute de l’artiste qui va débarquer au cœur du "village de la Merenda" durant le Nice Jazz Fest (du 24 au 27 juillet). JoeyStarr sera accompagné de grands chefs pour offrir au public une expérience musicale et gastronomique originale. "On va être entre l’olfactif, le gustatif et le sonore", poursuit-il.
Créateur d’une fondation pour "bien manger""J’ai connu ça au Big Festival à Biarritz qui a duré dix ans, on faisait de la musique le soir, mais la journée, on faisait venir tous les acteurs locaux de la table, des agriculteurs, des restaurateurs, on avait un village où on mangeait bien." L’artiste va même encore plus loin: "Il y a une vraie résonance avec mon chemin de vie, en fait. Je suis en train de monter une fondation pour bien manger, pour bien penser, c’est-à-dire essayer de reconnecter nos petits chérubins avec leurs parents par le biais de la nourriture, des saisonnalités, du circuit court et, pour moi qui suis devenu père entre-temps, ça a du sens."
JoeyStarr l’épicurien, c’est une facette de sa personnalité que les gens découvrent petit à petit, lui qui a lancé plusieurs publications gastronomiques ainsi qu’une marque de rhum et des séries documentaires autour de la food. "C’est juste qu’avant, je n’en parlais pas. J’ai toujours bien mangé dans ma vie mais on ne me questionnait pas sur certaines thématiques. Je n’ai aucune légitimité à faire des magazines culinaires, par exemple. Déjà, moi, je ne cuisine pas, je fais à manger. Il faut du respect pour ces gens."
Bien manger, écouter de la musique, JoeyStarr a des goûts simples. Et, il ne s’en cache pas, il avoue aussi une passion pour les séries télé. "Je viens de voir Mobland sur Paramount avec Tom Hardy. Et ensuite, en scrollant, j’ai déconné, je suis retombé sur The Wire et j’ai tout recommencé. J’ai adoré The English avec Emily Blunt, un truc de western, un style qui me prend toujours aux tripes... Et comme la mauvaise foi est un muscle chez moi, quand j’entame une deuxième saison d’une série dont j’ai vu la première il y a longtemps, je dis à ma femme que je dois revoir la première."
Tête de gondole de TF1Consommateur de séries, JoeyStarr est aussi un acteur de séries puisqu’il est actuellement la tête d’affiche de la troisième saison du Remplaçant sur TF1. La Une et JoeyStarr, voilà un mariage que personne n’a vu venir. "Ça m’amuse. La vie, parfois, nous propose des switches vertigineux et puis moi, comme je suis quelqu’un qui fonctionne à l’instinct, j’adore voir où mon fil d’Ariane me mène", poursuit l’acteur. Une série qui lui permet de donner la réplique à François Berléand, notamment: "C’est une belle bête, une très bonne compagnie cet homme-là. Et puis, surtout, on apprend à son contact en travaillant gaiement."
Rencontrer JoeyStarr, c’est accepter de passer du coq à l’âne, de rire, de le voir élever la voix, accélérer le débit, s’agiter, remuer. "Je pense que les gens qui me connaissent, qui me suivent depuis longtemps savent qu’on ne sait jamais sur qui on va tomber donc on me fout la paix. (rires) Je suis un enfumeur de masse, j’ai toujours aimé l’être mais je savoure ma vie. Je viens de faire un roman graphique, j’ai rencontré le théâtre, je suis à ma deuxième mise en scène. Il se passe plein de choses et puis, pour quelqu’un qui, comme moi, est encore en construction à mon âge, je suis en retard. Et si on s’accomplit trop tôt, on se fait chier." Difficile de lui donner tort.
Nice Matin