"Essaie de rendre ton texte plus naturel": le cours Florent organise des stages sur la Côte d’Azur, on vous emmène dans les coulisses de ces ateliers

Il a 13 ans à peine. Il incarne Rose. L’héroïne de Titanic. Vieille. Prête à narrer son éclaboussante aventure à sa petite-fille. Sauf qu’on n’est pas dans le film de James Cameron mais au théâtre Francis-Gag, rue de La Croix, dans le Vieux-Nice. Au stage Cinéma Ado du cours Florent. Un des stages d’initiation et de perfectionnement aux pratiques d’acteurs au théâtre et au cinéma mis en place à Nice par la célèbre école d’art dramatique parisienne.
Cette "nissardisation" de l’institution a fait l’objet d’une délibération du conseil municipal de la Ville de Nice en faveur de la formation artistique. C’est entre le 109 et le théâtre Francis-Gag que, depuis avril et jusqu’à fin août, des séjours d’une semaine réunissent tous les publics. Partenariat qui concerne également le conservatoire à rayonnement régional de Nice, comme l’explique Patrick Mottard, conseiller municipal délégué au Cinéma et au spectacle vivant: "On donne au cours Florent des lieux pour développer des stages à Nice et, en retour, il offre un stage gratuit aux élèves du conservatoire, uniquement pour le cinéma et pour acquérir les bonnes techniques."
Une référenceCe jour-là, au théâtre Francis-Gag, on est à mi-parcours du stage Cinéma Ado. Les onze jeunes de 13 à 17 ans se succèdent devant la caméra et se concentrent pour vivre leur texte. Des monologues qu’ils ont choisis eux-mêmes dans le répertoire les plus divers: Antigone, Cyrano de Bergerac, Lucrèce Borgia… Et qu’ils reboutiquent façon ciné.
"Le travail est de s’approprier le texte et de l’amener ailleurs", souffle Florent Bonetto. Un prénom prédestiné pour ce professeur d’art dramatique pour le cours Florent: "Je suis niçois, j’ai travaillé 14 ans à La Semeuse. Le cours Florent m’a contacté et m’a fait part de son souhait de s’installer à Nice pour lancer des stages. Pour l’instant, ce sont des stages d’une semaine, jamais les mêmes. Plutôt des immersions de loisirs pour apprendre tout en se divertissant."
Le contrat entre tous les partenaires est signé pour un an, "renouvelable par tacite reconduction pour trois ans", précise Patrick Mottard. L’élu espère une pérennisation de la formule, car "il s’agit d’un partenariat gagnant-gagnant et d’une référence. En effet, peu d’acteurs français ne sont pas passés par le cours Florent".
Du sérieux sans trucageLe jeune qui joue le rôle de Rose redit son texte. Plusieurs fois. S’applique. Florent n’en perd pas une: "Ca manque de tendresse. Essaie de rendre ton texte plus naturel." Le gamin reprend. Encore et encore. Lui comme ses camarades prennent leurs interventions très au sérieux. "Tout ce qu’ils racontent là est seulement issu de trois jours de stage. Certains n’avaient jamais fait de théâtre ou n’avaient pas touché une caméra."
Car il y a aussi la caméra. "À appréhender pour familiariser à l’expression artistique", enchaîne Massimo Ditta. Lui, est le directeur du 109, pôle culturel, où se déroulent d’autres séquences telles que théâtre et cinéma, éloquence… En tout, il y a neuf stages: deux à Francis-Gag, sept au 109. Les professeurs changent selon le thème.
Pour Massimo, la trilogie cours Florent, 109, théâtre Francis-Gag a du sens: "Cela fait quatre ans que le partenariat existe et l’idée est de le renouveler encore à l’avenir à Nice, terre de cinéma." Ces stages ont un prix: 590 euros la semaine, du lundi au samedi. Mais au final, "ils donnent confiance, permettent de retrouver une estime de soi. Le tout dans des lieux inspirants, ce qui peut susciter des vocations".
On leur a demandé quelle était leur motivation à ces filles et ces garçons pas encore majeurs. De nombreux doigts se sont levés. Voici leurs témoignages.
Elyne, 17 ans: "Depuis toute petite, je fais du théâtre. J’ai toujours été extravertie. Je veux être actrice. Plutôt de cinéma. J’aime être devant et derrière la caméra. Pour m’encourager dans mon rêve, mes parents m’ont inscrite au cours Florent, où le prof nous donne de super conseils pour mieux nous imprégner de nos textes."
Sacha, 14 ans: "Je pratique le théâtre depuis cinq ans. Je voulais essayer le cinéma pour voir comment c’était devant et derrière la caméra. C’est stressant mais utile. Et ce genre de stage nous permet aussi de bien maîtriser les textes. Utile pour nos prochaines leçons au collège."
Esteban, 17 ans: "J’ai décidé de faire ce stage car je baigne dans les arts proches de l’éloquence. Cela m’épanouit, je découvre plein de facettes du cinéma. Là, j’essaie de faire découvrir mon meilleur aspect aux autres, mais c’est plus compliqué de jouer devant des personnes qu’on ne connaît pas."
Tom, 13 ans: "Je rêve d’être acteur. D’ailleurs, l’année prochaine, je pars à Los Angeles où je vais intégrer une école et commencer ma carrière. Je veux faire comme mon acteur préféré, Chris Pratt."
Margot, 16 ans: "Le monde du cinéma m’a toujours plu. J’aimerais faire une licence de cinéma puis intégrer le cours Florent de Paris."
Lill, 15 ans: "Je baigne dans le monde des artistes. Je joue depuis toujours. À la fin de la 5e, on a eu une discussion sur notre avenir. Et ça a tilté: je voulais être actrice, pour vivre plusieurs vies, une expérience et plein de sensations."
Nice Matin